DPE dans la tourmente, diagnostiqueur à la rescousse

Publié le 5 octobre 2021

Promis, tout rentrera bientôt dans l’ordre. La ministre du Logement annonce un DPE enfin fiable pour le 1er novembre au plus tard. Mais cette crise risque cependant de laisser quelques traces…

La récré est finie. En quelques annonces, Emmanuelle Wargon, ministre chargée du Logement, semble avoir clos le sujet. Un nouvel arrêté sortira dès la fin de semaine pour corriger les plus gros dysfonctionnements, tous les logiciels seront mis à jour au 1er novembre, et les propriétaires lésés par une étiquette F ou G au cours de ces dernières semaines, pourront même faire rééditer leur DPE, gratuitement.

Optimiste, la ministre ? Nous serons très vite fixés. Car d’avis d’expert, deux à trois mois n’auraient pas été de trop pour tester et peaufiner ce nouveauDPE et cette méthode 3CL avec ses bugs à répétition. Croisons les doigts pour que les pouvoirs publics n’aient pas reproduit l’erreur commise au printemps, lorsque les signaux d’alerte s’accumulaient, et que le ministère choisissait de maintenir, coûte que coûte, cette échéance irréaliste du 1er juillet 2021.

Face à l’urgence, les annonces ministérielles ont sans doute éteint l’incendie, mais cette crise laissera des traces. Dans l’immédiat, le diagnostiqueur va devoir assurer le SAV et subir les foudres de clients parfois lésés par une étiquette trop sévère. Et dans deux-trois mois, une fois le DPE stabilisé, comment réagira le propriétaire qui hérite d’un F ou G ? La malheureuse publicité faite autour de ce nouveau DPE a sans doute accéléré la dépréciation des passoires énergétiques, phénomène qui était largement pressenti, mais peut-être pas de façon aussi brutale.

On peut aussi craindre que cette crise n’ait à nouveau écorné l’image du diagnostic censé être davantage plus fiable depuis le 1er juillet. Notre filière n’a d’autre choix que de se livrer à un nouvel exercice pédagogique pour défendre les diagnostics, d’autant que cette crise leur a donné un poids inédit. La tâche n’est pas aisée, elle est même ingrate, et le diagnostiqueur peut éprouver une injustice puisqu’il n’y est pour rien dans ce fiasco (on ne le répètera jamais assez). Mais qui d’autre ira se mouiller pour redonner du crédit au DPE ?

Au diagnostiqueur de dire combien cet outil, une fois rodé, va se révéler un atout précieux pour la rénovation énergétique. A lui de montrer que son rôle ne se borne pas à la simple délivrance de l’étiquette pour satisfaire à une obligation réglementaire, à lui de convaincre qu’il est devenu un ambassadeur de la rénovation capable aussi de délivrer du conseil. Le jeu en vaut la chandelle, avec un discours positif, le diagnostiqueur peut définitivement asseoir son rôle de pivot de la rénovation énergétique, à l’heure où les pouvoirs publics réfléchissent justement à lui confier de nouvelles missions comme le plan pluriannuel des travaux ou le fameux audit énergétique.