Rénovation énergétique : le nouveau DPE rehausse les enjeux

Publié le 6 septembre 2022

Les chiffres du nouveau DPE sont tombés en août (*), confirmant ce que la filière diagnostic pressentait depuis belle lurette : la France compte bien plus de passoires thermiques que le ministère ne le disait jusqu’à présent. Et ça change pas mal de choses…

Les chiffres du nouveau DPE sont tombés en août (*), confirmant ce que la filière diagnostic pressentait depuis belle lurette : la France compte bien plus de passoires thermiques que le ministère ne le disait jusqu’à présent. Et ça change pas mal de choses…  

Plus on rénove, et plus on a des passoires thermiques. Malgré les 700.000 MaPrimeRénov’ distribuées en 2021 (un record !), leur nombre a singulièrement augmenté. Le législateur misait sur 4,8 millions de logements énergivores quand il a voté la loi Climat et résilience avec son cortège de contraintes pour les logements F et G. On rectifie, les chiffres officiels donnent désormais 5,2 millions. Et encore, si on veut être exhaustif, on passe à 7,2 millions en ajoutant les logements vacants et les résidences secondaires. Mine de rien, le nouveau DPE avec sa nouvelle méthode de calcul a beaucoup fait évoluer la photographie du parc.

Forcément, les enjeux ne sont plus du tout les mêmes. Pour se faire une idée deux millions de logements (1,5 million dans le parc privé) sont ainsi directement visés par le gel des loyers appliqué aux passoires énergétiques depuis fin août. Ce qui veut aussi dire que ces logements devront être rénovés avant 2025 pour les G, 2028 pour les F, sous peine d’être retirés du marché de la location.

Disparités territoriales

Près de 150.000 logements (50.000 dans le parc social) considérés comme les pires passoires de France et de Navarre (avec une consommation en énergie finale supérieure à 450 kWh/m²/an) n’auront même pas droit à un sursis puisqu’ils deviennent indécents dès le 1er janvier 2023.

Même dans le parc social, on tire la sonnette d’alarme : avec le nouveau DPE, les bailleurs sociaux comptent désormais 9,5% de leur parc en F ou G, contre 7% auparavant. En valeur absolue, cela représente des dizaines de milliers de logements supplémentaires à rénover dans des délais très courts.

Les récentes statistiques du DPE fournies par l’ADEME risquent d’apporter de l’eau au moulin des détracteurs de la loi Climat et résilience : l’éradication des passoires thermiques en l’espace de quelques années risque d’être encore plus compliquée que prévu. D’autant que la répartition de ces logements énergivores varie considérablement d’un territoire à l’autre. À Paris, un tiers du parc est concerné ; en Normandie ou en Bourgogne-Franche-Comté, quasiment un logement sur quatre (23%) est une passoire énergétique. A l’inverse, l’Occitanie semble plutôt bien lotie avec 11% de logements en F et G. On voit combien, selon les territoires, les enjeux sont différents et combien, les dispositifs actuels risquent d’être insuffisants pour atteindre les objectifs de rénovation assignés par la loi Climat et résilience.

(*) Toutes les statistiques sont publiques et peuvent être consultées sur le site de l’Observatoire du DPE piloté par l’Ademe. https://observatoire-dpe.ademe.fr/statistiques/outil