Formation au risque amiante, une réglementation mal appliquée

Publié le 15 mars 2022

Pas formé, pas toucher. Avant d’intervenir sur des matériaux susceptibles d’être amiantés, les travailleurs sont censés avoir reçu la formation au risque amiante. Une obligation trop souvent négligée des artisans qui interviennent chez le particulier.

25 ans que l’amiante a été interdit en France, mais il n’a malheureusement pas fini de faire des victimes. Avec près de 20 millions de tonnes de matériaux et produits toujours en place dans le bâtiment –selon les estimations courantes-, les professionnels du BTP sont désormais en première ligne parmi les populations exposées.

Dès que l’on intervient dans un bâtiment d’avant 1997, il y a forcément un risque de rencontrer de l’amiante. Que l’on soit peintre, couvreur, électricien, plombier, plaquiste, carreleur, maçon… Pour se faire une petite idée, en 2007, l’INRS estimait entre 1 et 2 millions le nombre de travailleurs potentiellement exposés à l’amiante lors d’activités d’entretien ou de maintenance, dont 900.000 rien que dans le secteur du bâtiment.

Pour prévenir le risque amiante, les pouvoirs publics comptent d’abord sur la formation. Depuis dix ans maintenant, tout travailleur susceptible d’intervenir sur un matériau amianté est censé avoir reçu une formation de prévention au risque amiante, dite « formation SS4 ». C’est l’arrêté du 23 février 2012 qui fixe les règles. Cette formation est précieuse, elle permet d’apprécier le risque, de déterminer des modes opératoires, de définir le niveau de protection et les équipements de protection individuelle, en fonction de l’empoussièrement attendu. En clair, comment s’assurer que personne ne sera exposé à l’amiante, et qu’on ne va pas contaminer les lieux.

Dix ans plus tard, le bilan n’est guère flatteur. Cette formation quoiqu’obligatoire, est souvent passée à la trappe. Combien de professionnels ont réellement été formés parmi les centaines et centaines de milliers attendus en formation ? Il n’existe pas de recensement officiel, mais on est très loin du compte. Qu’il s’agisse de changer une chaudière, de refaire une toiture ou de remplacer des sanitaires, une grande partie des travaux réalisés chez le particulier reste ainsi en dehors des clous de la réglementation amiante sans repérage avant-travaux, sans que l’entreprise intervenante ne soit formée au risque amiante. Autant dire sans précaution aucune.