Et si l’amiante avant-travaux était subventionné ?

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Publié le 5 octobre 2022

L’Europe veut éviter que les chantiers de rénovation énergétique soient une source d’exposition à l’amiante. Alors pour lutter contre la fibre tueuse, un projet de directive songe aussi à financer le traitement de l’amiante.

Santé et économie ont encore du mal à s’accommoder. Pour une collectivité, un maître d’ouvrage, un particulier même, l’amiante est souvent synonyme de surcoûts importants. Rédhibitoires même, puisque traiter cet amiante peut parfois se révéler plus coûteux que la rénovation proprement dite. Du coup, le repérage avant-travaux passe encore à la trappe sur de nombreux chantiers.

L’Europe pourrait bien donner un solide coup de pied dans la fourmilière. L’ambition est louable, la rénovation énergétique doit aussi être l’opportunité de parvenir à un parc sans amiante. À défaut, ces travaux vertueux pour la planète pourraient l’être beaucoup moins pour la santé humaine, avec une sérieuse inflation des contaminations.

L’Union européenne a fait ses calculs. La fibre tueuse serait responsable de 70.000 décès chaque année dans l’Europe des 27, et entre 4,1 et 7,3 millions de personnes seraient toujours exposées à l’amiante. C’est beaucoup, mais avec le surcroît de travaux annoncé à l’avenir, les expositions risquent encore de se multiplier si rien n’est fait : + 4% de personnes supplémentaires chaque année.

France : bon élève, mais peut mieux faire

Dans son projet de directive, la Commission européenne promet de renforcer considérablement l’arsenal pour lutter contre l’amiante partout en Europe : obligation de repérage avant-vente, avant des travaux, abaissement de la VLEP (valeur limite d’exposition professionnelle), formation obligatoire pour les personnes susceptibles d’être exposées…

En matière de prévention du risque amiante, la France a déjà fait beaucoup, au point de figurer parmi les meilleurs élèves au monde. La plupart des dispositifs envisagés par l’Europe existent déjà chez nous, même s’ils sont encore très mal appliqués. Pas de gros bouleversements en perspective de ce côté. La nouveauté viendrait que l’Europe pourrait imposer à la France de se doter d’une stratégie de désamiantage : en clair que l’on cible les bâtiments (les écoles, par exemple) où il faudra d’abord retirer l’amiante.

Plus facile à dire qu’à faire. Tant que le frein financier demeure, la réglementation amiante a peu de chances d’être correctement appliquée. Justement, le projet de directive s’intéresse aussi au sujet avec la prise en charge des traitements de l’amiante notamment grâce au fonds FRR (Facilité pour la reprise et la résilience) doté de plus de 700 milliards d’euros sous forme de prêts et de subventions. Les crédits destinés à la rénovation énergétique pourraient ainsi servir aussi à l’indispensable désamiantage. De quoi doper enfin le repérage amiante sur tous les chantiers y compris chez le particulier.